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Le portrait,
ou la représentation du pouvoir politique

Alexandre Le Grand est l’une des figures les plus connues de l’Antiquité bien avant Jules César, Auguste ou Caligula. Pendant son règne et ses conquêtes, il permit l’essor d’une grande civilisation qui plus tard inspirera en partie celle de Rome : la Grèce Antique. Le rôle de l’art dans la Politique et la Société commença entre autre avec lui, et ce avec le développement du portrait. 

Publié le 23 Février 2017 par Sophie Mahon

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Bas-relief du sarcophage d'Alexandre Le Grand (détail)

Musée Archéologique d'Istanbul, Turquie

Crédits photos : © Museo Arqueológico de Estambul

Avant le règne d’Alexandre le Grand, les artistes de l’Art Grec ne s’attachaient jamais à reproduire la forme exacte d’un visage ou d’un corps. L’absence d’expression des statues grecques n’avait rien de surprenant, mais un visage ne trahissait jamais un sentiment précis. Vers la fin du IVème siècle, après Praxitèle (grande figure de la sculpture grecque »classique »), cette retenue d’expression disparut petit à petit. Les artistes travaillèrent plus le profil « psychologique » en mettant en avant certains traits du visage ou du corps.

Capture d’écran 2020-11-21 à 12.11.13.

Tête d’Alexandre le Grand

Lysippecopie d’après l’original

Musée archéologique, Istanbul, Turquie

Crédits Photos : © Museo Arqueológico de Estambul

Tout au long de son règne, Alexandre le Grand commanda un certains nombre de portraits à de grands artistes comme Lysippe, connu pour sa fidélité à la nature. Esprit inquiet, immensément doué et assez gâté par le succès, Alexandre le Grand souhaitait entretenir son image de conquérant, et laisser une trace physique et spirituelle de son passage, afin qu’elle perdure des siècles après. Il aimait alors se faire représenter tel qu’il était, mais avec une posture rappelant celle d’un dieu vivant.


Ce portrait de Lysippe, est une parfaite illustration de l’art du portrait sous son règne. Nous y voyons un beau jeune homme, les traites fins et précis, avec une posture de conquérant, dont les yeux scrutent l’horizon.

La fondation d’un empire par Alexandre eut une influence considérable sur les destinés de l’Art Grec, qui cessa d’être produit uniquement dans quelques petites villes. Il devint le langage artistique de près de la moitié du monde. Les riches capitales de l’empire comme Alexandrie (Égypte), Antioche (Syrie), Pergame (Asie Mineure), exigèrent des artistes autre chose que ce que à quoi la Grèce les avait habitué.

La Rome Antique suivra cette exemple du portrait, ainsi que les civilisations à venir. Le portrait de conquérant a traversé les siècles, et connait encore aujourd’hui un grand succès auprès des hommes politiques, dont certains bustes ornent encore la Galerie des Bustes du Sénat à Paris par exemple. Le portrait est un moyen d’affirmer sa personnalité et représenter le pouvoir. Et que serait un pouvoir sans images pour le servir ?

Aujourd’hui, nous sommes au XXIe siècle, dans une société marquée par la multiplication des images, et particulièrement des portraits, sur tous les types de supports possibles. Le portrait est très souvent le fruit de stratégies de communication de plus en plus sophistiquées, comme par exemple le rituel officiel de la photographie du Président de la République. En fonction de la personnalité du président et de ses principes, l’incarnation du pouvoir républicain est traitée différemment : analyse du cadre, de la posture, et des symboles mis en valeur sont révélateurs du parti-pris de ce dernier.

Cette analyse du portrait chez Alexandre le Grand, et le parallèle avec notre société actuelle nous permet de réfléchir à la représentation du pouvoir à travers les siècles et la technique du portrait, mettant ainsi en avant les éléments qui différent et ceux qui restent les mêmes.

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